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James Bond 1971 - 1974 : les années molles

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James Bond 1971 - 1974 : les années molles Empty James Bond 1971 - 1974 : les années molles

Message  Callahan Dim 25 Avr - 0:55

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Par Guy Gadebois
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NB les photos ont disparues....

1971 : le succès de « Au service secret de sa majesté » n’a pas balayé les soucis d’Albert Broccoli et Harry Saltzman. En fait, la situation est la même qu’en 1969 ; Lazenby ayant décliné leur offre de signer pour un autre Bond, 007 se retrouve à nouveau sans interprète. De plus, même si ASSDSM a très bien marché, les recettes phénoménales de Goldfinger et Opération Tonnerre sont un lointain souvenir. L’objectif principal de ce 7ème Bond sera donc de montrer que la série pourra survivre aux années 60.

La stratégie est simple : on arrête les expérimentations risquées à la Peter Hunt et on revient à ce qui a fait le succès de la série jusque là : de l’action, de l’humour, très peu (voire pas) de sentiment.


« Les diamants sont éternels » (car c’est bien de ce film qu’on parle) sera marqué par cette volonté de retrouver la recette qui a fait les succès d’antan. Guy Hamilton, l’homme de Goldfinger revient derrière la caméra, Shirley Bassey pousse à nouveau la chansonnette au générique... un projet de scénario (heureusement rejeté) va même jusqu’à introduire en guise de vilain un frère jumeau d’Auric Goldfinger ivre de vengeance...

Cerise sur le gâteau, Sean Connery, en mal de gros succès public depuis « on ne vit que deux fois » se laisse convaincre d’endosser une dernière fois le costume de James Bond pour un cachet, exorbitant à l’époque, de 1 250 000 dollars.

Avec Maibaum au scénario et Barry à la musique (mais sans Peter Hunt au montage, et ça se verra), la dream team de Goldfinger est à nouveau réunie.... mais n’accouchera malheureusement pas d’un Goldfinger bis, la recette du succès ne se résumant pas à une simple addition de talents.

Ce qui frappe d’entrée à la vision des « diamants.... », c’est son manque évident d’ambition. La recette qui a fait le succès de la franchise jusque là est reprise à la virgule près (cascades, jolies filles, action, lieux et décors photogéniques...), mais dans un esprit routinier que la série avait jusque là réussi à éviter. Adieu la savoureuse surenchère d’Opération Tonnerre, le délire pop/comic de « on ne vit que deux fois », le thriller romantique survitaminé et introspectif de « au service secret de sa majesté »... place au film de fonctionnaire...

Le scénario de Maibaum reprend mollement un roman de Fleming déjà pas inoubliable (un truc à base de trafic de diamants dans lequel on se demande bien ce que viennent chercher les services secrets) et le combine avec un énième chantage mondial signé Blofleld et des clins d’oeil au plus célèbre ermite de Las Vegas, Howard Hugues (ami de Broccoli, ce dernier mettra son casino à la disposition de la production).

Mais le pire vient surtout du traitement réservé à l’ensemble ; à une ou deux exceptions près (le pré générique et la baston bien violente dans l’ascenseur) la réalisation très plan-plan (quand on sait que le bonhomme était pressenti pour diriger « Superman – le film », on se surprend à croire en Dieu) de Guy Hamilton achèvera de donner aux « diamants... » des allures de téléfilm de luxe (encore heureux que le film soit en scope), parsemé ici et là d’erreurs de goût qui annoncent déjà les Bond à venir avec Roger Moore (le Blofleld travelo vaguement libidineux qui reluque le « joli petit cul » de la Bond Girl du moment, la baston bien molle entre Bond et les deux gardiennes qui finit en crêpage de chignon dans une piscine, l’évasion de Bond au volant d’un engin qui ne sera surclassé en ridicule que par la gondole/hovercraft de Moonraker...)

Pour son grand retour au personnage qui a fait sa fortune, Connery loupe également le coche, et livre certainement son interprétation la plus distanciée (pour ne pas dire m’enfoutiste) de Bond. Visiblement plus empâté, il se contente de balancer des bons mots et des atémis mollassons à des seconds couteaux à la proverbiale lenteur.

Le film atteint même les limites de l’ennui lors de la grande bataille finale (un comble pour le climax d’un Bond). A aucun moment, le lymphatique Hamilton n’arrive à transcender ses évidents problèmes de budgets (le script initial de Maibaum prévoyait une énorme course poursuite en bateau impliquant Blofeld, Bond et des milliardaires de Las Vegas et devait finir par un combat mano-à-mano entre 007 et son ennemi ; ces scènes on dû être supprimées, le budget du film ayant été sérieusement grevé par le salaire de Connery) ; le climax voit donc Connery traverser avec nonchalance une bataille finale ponctuée d’explosions cheap (voire carrément honteuses pour une production de cette envergure) et de gags lourdingues, rythmée par le ballet d’une poignée d’hélicoptères au-dessus d’une plate-forme pétrolière. Comparer cette scène avec le final monstrueux de « on ne vit que deux fois » relève de la mortification. La mort finale de Blofeld restera également un monument de flemmardise sur pellicule.

Comme dans tous les Bond, même les plus mauvais, tout n’est cependant pas jeter : les très maniérés et mortels M. Kidd et M. WInt semblent sortir tout droit d’un épisode de Chapeau Melon, et le cinéphile nostalgique s’amusera à reconnaître un Sid Haig imberbe et chevelu en mafiosi peu respectueux des morts et Bruce « Jack Driscoll » Cabott (dont la fiche IMDB nous apprend que son vrai nom était Etienne Pelissier Jacques de Bujac) dans ce qui sera son dernier rôle au cinéma.

L’énorme succès du film et les 5 500 000 $ que lui proposera la production n’empêcheront toutefois pas Sean Connery de plaquer définitivement le personnage (du moins jusqu’en 1983), laissant le champ libre à Roger Moore, pressenti depuis quelques années déjà pour le rôle, et que l’échec américain des « Persuaders » rendra enfin disponible.


On aurait tort d’imputer l’évolution de la franchise, ainsi que les échecs artistiques incontestables de ses premiers films, au seul Roger Moore, de même qu’il est franchement inutile de vouloir établir une comparaison entre les interprétations de Moore et de Connery, les prestations des deux acteurs étant de toute façon conditionnées par la tonalité générale que prendra la série au fil des ans. Il était déjà difficile d’imaginer le Bond hard boiled de « Docteur NO » ou « bons baisers de Russie » dans le contexte d’un « on ne vit que deux fois », et déplorer le ton nettement plus léger qu’apportera Moore au perso c’est refuser de prendre conscience de l’évolution de la série en une décennie.

Une chose est en effet certaine à la vision des 3 premiers Bond des années 70, c’est que leurs auteurs ne savent plus réellement quoi faire pour y insuffler un sang neuf. En attendant que l’inspiration revienne, la solution de facilité consistera dès lors à décliner la franchise en fonction de la dernière tendance à la mode (la blaxploitation, le film de Kung Fu...) et à cacher le coté désormais routinier des films derrière un humour de plus en plus présent... et de moins en moins fin


Sorti en 1973, « Vivre et laisser mourir » prolongera la lente déchéance amorcée avec les « Diamants... ». Inspiré du roman homonyme pourtant bien sombre de Ian Fleming, le scénario, signé par un Tom Mankiewicz qu’on connaîtra bien plus inspiré sur « Superman » est une démolition en règle du personnage et de l’univers Bond, caractérisée par un mépris hallucinant pour tous ses personnages (Bond, les Bond Girls, les méchants... personne n’en sort intact).

Sur la forme, bye bye le cinémascope : ce bond et le suivant seront filmés au format 1 :85, ce qui, ajouté à la réalisation sans relief de Hamilton, contribuera d’autant plus au look de série TV du film. Coté musique, les sonorités sombres de John Barry cèdent la place aux orchestrations plus légères de George Martin, tandis que le générique, composé et interprété par Paul Mac Cartney donnera au film une orientation plus pop (histoire, peut-être, de cibler un public plus jeune).

Sur le fond, c’est la cata’ : après un pré générique digne d’un épisode de Hawaii 5-0 et une scène de vaudeville affligeante à base de planque dans des placards, le spectateur bondophile médusé verra le pauvre 007 tourné en ridicule par un script ne comprenant rien au personnage.

Confronté au début à un univers filmique qui n’est résolument pas le sien (le Harlem des années 70 et les films de blaxploitation) le pauvre James apparaît le plus souvent comme un bouffon (voir pour s’en convaincre la scène où Solitaire lui tire justement la carte du même nom). Ajoutez à ça une description de la communauté noire (américaine ou jamaïcaine) qui fait penser aux villageois de « the wicker man » et vous aurez une idée de l’ampleur du désastre.

Guy Hamilton oblige, les péripéties s’enchaînent donc mollement, ponctuées ici et là de scènes d’action sans véritable enjeux (avec une mention spéciale pour la longue course poursuite en hors bord et son shérif rednek complètement à l’ouest) et de gags à deux balles (un triple hourra pour le Kananga gonflé à l’oxygène qui explose au plafond).

Conscient du peu de charisme de son personnage (Solitaire tombera dans son lit parce que les cartes le lui diront, et Rosie parce que son chef lui en donnera l’ordre... bonjour le séducteur animal....), Moore préfèrera s’en tenir aux sourcils relevés et aux bons mots, exercice dans lequel il est passé maître. Certains Bond ultérieurs lui donneront l’occasion de prouver qu’il est capable de mieux, mais, sur « vivre et laisser mourir », force est de constater qu’il n’est à peu près convaincant que dans la scène finale, ou Bond, tout vêtu de noir, prend d’assaut la cérémonie vaudou du Baron Samedi.

« Vivre et laisser mourir » ne laissera pas un souvenir impérissable, mais, comparé au film suivant, il fait carrément figure de classique.

Car « l’homme au pistolet d’or » est la preuve fracassante que c’est quand les choses ont l’air au plus bas qu’elles empirent encore.



Sorti en 1974, soit un an après « vivre et laisser mourir » (les Bond précédents nécessitaient 2 ans de production), le 9ème Bond restera très certainement dans les mémoires comme le film le plus oubliable de la série.

Le roman dont il est tiré était le dernier écrit par Fleming ; compilation paresseuse de passages déjà lus dans les romans précédents, il narrait le retour de Bond au sein du MI5 après une période de captivité derrière le rideau de fer, et son envoi en mission suicide à la Jamaïque contre Francisco Scaramanga, tueur à gages sadique du KGB.

La Jamaïque ayant déjà servi (pour la 3ème fois !) dans le film précédent, le scénario du tandem Maibaum/Mankiewicz transportera l’action à Hong-Kong et en thaïlande.

Niveau histoire, le lavage de cerveau de Bond par le KGB est évacué, et 007 se lancera à la poursuite de Scaramanga après avoir reçu une balle en or gravée de son matricule, laissant à penser qu’il serait la prochaine cible du tueur. Sur cette intrigue plutôt mince seront greffés de façon bien maladroite une chasse au mac guffin (un vague bidule solaire, crise de l’énergie oblige) et un final (un peu) explosif dans la traditionnelle base secrète du méchant (notez la finesse de la caractérisation d’un scénario qui arrive à transformer un tueur à gage, dont la seule excentricité sera un pistolet démontable en or, en pseudo savant fou faisant des carton au moyen d’un rayon laser...).

Entre temps, puisque « opération Dragon » a cartonné l’année précédente, le spectateur aura eu droit à quelques scènes de kung-fu arthritiques et n’aura eu l’occasion de relever les paupières qu’en de trop rares moment : la base secrète planquée dans l’épave du Queen Elisabeth, la voiture volante de Scaramanga, l’arrivée de Bond dans la base du méchant, et grâce à Christopher Lee, plutôt motivé, qui donnera au film ses meilleures scènes de dialogues.

Hamilton et Mankiewicz continuent de leur coté le travail de démolition entamé sur le film précédent ; l’un en ponctuant sa réalisation déjà transparente de fautes de goût atroces (le Bond qui saisi le cul d’un sumotori sur une musiquette tsoin-tsoin, la cascade pourtant fantastique en AMC Hornet soulignée par un autre zigouigoui musical et, cerise sur le gâteau, ce plan de coupe ultra vulgos sur le derrière d’une serveuse ponctué d’un riff de guitare pachydermique... et dire que quelques années auparavant James Bond était synonyme de classe...) ; l’autre en continuant d’écrire des scènes, des dialogues et des personnages ineptes (la scène de séduction à Beyrouth, Mary Goodnight, certainement la Bond Girl la plus con de l’univers, qui active un laser avec son cul, la bagarre finale contre trick-track...). Très content de lui, il va jusqu’à réintroduire l’ignoble shérif Pepper de « Vivre et laisser mourir » histoire, comme d’habitude, de masquer la pauvreté de l’action par l’humour (pourri en l’occurrence, mais comme dit un serveur, à un moment : « on fout ce qu’on peut »).

« L’homme au pistolet d’or » jure dans toute la série par son aspect torché à la va-vite et fauché ; comparez, histoire de vous faire bien mal, le décor de la base de « on ne vit que deux fois » avec la maquette qui explose à la fin de « l’homme... ». Le public ne s’y trompe d’ailleurs pas, et ce 9ème Bond connaîtra les résultats au box-office les plus faibles de la franchise. Ajoutez à ça les tensions entre Broccoli et Saltzman, les problèmes financiers de ce dernier qui le contraindront à revendre ses parts à United Artists après un énorme imbroglio juridique, et vous comprendrez que Bond ait vraiment senti le vent du boulet en 1974, la décision de tout arrêter ayant un moment été envisagée.

Après le départ de Saltzman, Albert Broccoli restera donc seul aux commandes de la franchise Bond, conscient que s’il veut survivre, 007 aura besoin d’un sérieux dépoussiérage.

Fin de ce quatrième décryptage, mais James Bond reviendra...
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