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Nanard is an art (le topic des mauvais films sympathiques)

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Message  Le Docteur Ven 28 Mai - 8:13

Après avoir avoué en ces lieux mon admiration pour l'oeuvre du grand Steven Seagal, je dois une nouvelle fois m'épancher sur un des travers qui me font parfois avancer en terrain miné dans les réunions de l'ambassadeur. J'aime les nanards, et quand je dis Nanard, je parle des mauvais films sympathiques. On n'y inclura pas les mauvais films mauvais comme les films français sur des trentenaires, les films français avec une hystérique, les films de Pitof ou autre truc insupportable. En ces lieux vous pouvez vous lâcher sur vos nanards préférés.

Pour ouvrir le bal, voici mon bref compte rendu de la dernière nuit excentrique à la Cinémathèque :

La soirée commence à 20h sur Vampire Men Of The Lost Planet, autrement connu (ou pas) sous le nom de Horror Of The Blood Monsters ou encore Blood Creatures From The Prehistoric Planet. Une curiosité signée Al Adamson à même de réveiller la nostalgie des drive-in sur le papier, dans les faits un film de S-F… hybride. Quel autre mot pourrait mieux décrire cette aventure pittoresque dans laquelle un groupe d’astronautes échoue sur une étrange planète après trente minutes de film, pour se rendre compte qu’il y a là-bas des créatures préhistoriques et deux peuplades entraînées dans une guerre de clans à la suite d’un feu sacré qui a été éteint. La particularité de ce chef-d’œuvre est son absence totale de scrupule à enchaîner les stock-shots à différents tons de couleur, qui se transforme en inconscience totale lorsque la scénario tente de justifier les changements de teinte trop visibles. Nous voici alors embarqués dans une scène surréaliste où le contrôleur de vol à Terre vante à son homologue féminine les mérites du spectrum, parce que ce sont les ondes chromatiques qui changent la planète, le rouge étant le plus dangereux (merci Staline).
Si les allées et retour incessants entre le vaisseau et la Terre ont bien chauffé les nerfs du nanardeur, il s’est vu récompensé par un embryon d’histoire qui se termine sur une morale d’un autre âge (le film date de 1970, mais on se croirait dans les 50's). On ressentira de la compassion envers le pauvre John Carradine dans le rôle d’un savant loufogue flanqué d’une équipe de fumistes qui passent leur temps à regarder les stock-shot en contre-champ, dont une blonde qui ne sait même pas faire le point lorsqu’elle regarde au microscope. Bref, un régal. Mais où sont les vampires dans tout ça me direz vous ? On les voit au début du film et ils semblent entretenir une lointaine parenté avec un des deux clans indigènes.

Nanard is an art (le topic des mauvais films sympathiques) Devilaff

Après l’entrée, voici un plat de résistance dont nous pouvons être fiers, car il s’agit d’un film d’horreur français. Tremblez Frontières et La Horde ! L’année 1985 a vu naître une chose nommée Il Etait Une Fois Le Diable (Devil Story). Réalisé par Bernard Launois, le film a connu en son temps une exploitation chaotique, et on comprend pourquoi en admirant le résultat. Filmé en Normandie à Fécamp, la bande s’ouvre sur les exactions d’une lointaine copie de John Merrick, un idiot du village qui tue tout ceux qu’il se trouve sur son passage. Puis nous arrivons à un couple de passage qui se voit contraint de séjourner dans l’auberge (ou le château) tenu par les parents du neuneu, de bons gens du terroir que ne renierait pas Jean Pierre Pernaut. La jeune blonde (hé oui) trouve le moyen de sortir en pleine nuit et se mêle à des aventures rocambolesques comprenant le neuneu, une momie qui bave, une revenante et une histoire de malédiction avec un bateau zombie qui sort littéralement de la terre. A coté de ça, nous pouvons admirer une chasse au canasson digne de Moby Dick, où la tenacité du chasseur n’a d’égale que l’absence totale de raccords champ/contrechamp. Bernard Launois nous dévoile science du montage hallucinante qui renverrait De Palma aux oubliettes et nous enchante avec une musique qui reste curieusement en tête (on se demande bien pourquoi). On ajoute à tout ça un chat noir très agressif qui semble avoir un rapport lointain avec la malédiction du film, qui fit du miaulement une sorte de cri de ralliement des spectateurs définitivement conquis par ce petit film qui n’a jamais dû avoir autant de spectateurs et d’applaudissements que cette nuit-là. A la suite du film furent diffusés un documenteur brillant et un reportage qui nous permettent d’en savoir un peu plus sur cet OFNI et surtout d’admirer la gouaille du réalisateur (il affirme haut et fort qu'il était entouré d'incompétents et de nazes). Une sortie dvd est à prévoir prochainement avec tous ces joyeux bonus.

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La nuit se poursuit bien plus tard avec un film étendard, le bien nommé Virus Cannibale, que nous a pondu Bruno Mattei, réalisateur très apprécié du nanardeur (il a commis le génial Strike Commando ainsi qu’une poignée de sous-"ajoutez ici un succès des années 80") et qui pourrait être vu comme un hommage, le monsieur étant disparu en 2007. L’histoire : une centrale laisse échapper un virus qui contamine la tribu papou de l’île d’en face en les transformant en zombies. Quatre gros durs des forces d’intervention et deux journalistes d’investigation auront fort à faire à survivre au milieu des méchants cannibales. Virus Cannibale surfe à fond sur le Zombie de Romero, au point de piller sans vergogne sa bande originale. Le film est également renommé pour son utilisation intempestive des stock-shot sur la nature (parmi eux, une gerboise) et des tribus indigènes locales. Une utilisation déjà plus habile qu’Al Adamson, le réalisateur ayant jadis été monteur. Virus Cannibale est une ballade sympathique, qui vaut surtout pour ses zombies improbables, une scène en tutu qui vire au drame et sa joyeuse bande de mauvais acteurs : une journaliste qui sait y faire pour se fondre dans le paysage local, des sosies foireux de Richard Burton et de Francis Cabrel ainsi qu’un cousin germain de Klaus Kinski qui nous gratifie d’un jeu qui aurait pu présager d’une grande carrière théâtrale. On nous réservera même pour la fin une longue tirade sur les méfaits des pays occidentaux sur le tiers-monde qui donne à l’ensemble un cachet qui se serait voulu engagé. La bombe dénonciatrice a loupé son but pour réussir à toucher plus d’une fois nos zygomatiques.

Nanard is an art (le topic des mauvais films sympathiques) 20070914-celluloid_cesspool4

Les courageux qui étaient encore vivants à sept heures du matin purent admirer le quatrième film : L'Invincible Kid Du Kung-Fu. Derrière ce titre énigmatique se cache la première aventure de Weng-Weng, nain phillipin de 80 cm qui fut le héros de plusieurs pelloches nanardesques qui se rapprochaient dangereusement des James Bond. Dans cet aventure, il est aux prises avec de dangereux trafiquants, prétexte scénaristique pour une suite de scènes d’action à la gloire de l’homme. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Weng-Weng déchire, et pas seulement au Kung-Fu. En plus d’être le meilleur agent en activité et d’être invincible (comme le titre l’indique), il exécute de puissantes cascades rendues d’autant plus improbables que sa taille est petite. Il peut aussi se vanter d’avoir toutes les femmes à ses pieds. On le verra ainsi recevoir les faveurs d’une Moneypenny phillipine, embrasser intempestivement des bombes locales avant de retourner à l’action et même hériter de son propre thème JamesBondien (il faut l’entendre pour le croire). Affichant constamment ses yeux de merlan frit couplés à une coupe à la Mireille Mathieu du plus bel effet, Weng-Weng n’est jamais meilleur que lorsqu’il brandit d’un ton affable sa carte en disant "Interpol". Rien que pour ses scènes, il mériterait une reconnaissance internationale.

Entre chaque film, des jeux concours furent animés par l'équipe de Nanarland, qui permirent aux heureux gagnants de repartir avec DVD, T-shirt, affiches et autres gadgets de films que la morale réprouve. L’équipe du site réservait également quatre montages d’extraits, les cut excentriques, qui permirent de savourer quelques scènes de nanars pour la plupart inconnus. La palme de l’étrangeté de ces cuts serait à décerner à Birdemic: Shock And Terror, énième resucée des Oiseaux d’Hitchcock où des pigeons atteints d’un mal étrange battent des ailes sans bouger d’un poil. Celle de la nation la plus prolixe et la plus intéressante en matière de nanars irait à l’Inde, entre un Hulk à tête de gosse et des superproductions hyper-testostéronés usant d’effets jusqu’à la corde, elle a irrémédiablement trusté l’écran de la salle Henri Langlois, laissant moultes séquelles aux spectateurs pourtant avertis. Il y eut aussi des extraits plus longs et des séries de bande-annonces. Ainsi la nuit fut marquée à sa manière par une bande annonce / making of insoutenable qui révéla des choses horribles sur les traitements infligés à la fillette de Charles Aznavour lors d’un tournage, à quelques bande-annonces de mondo (films exploitant les travers les plus glauques de différents pays ou villes) dont la plus fameuse sera Shocking Asia, à un extrait du Führer En Folie en hommage à Patrick Topaloff, à une aventure du catcheur mexicain Santos aka "Superman" face à des femmes vampires maléfiques, à un film sponsorisé par le FBI (prononcez à la française) et bien d’autres encore. Ce qui nous amènera aux bande-annonces coquines pour clôturer la nuit, dont une qui voit la juvénile Brigitte Lahaie nous faire une bien étrange confession. La sixième nuit excentrique de Nanarland fut donc un grand cru, porté par une ambiance unique qui ne s’est pas tarie malgré l’apparition des cernes.
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Message  Udéka Sam 12 Juin - 0:42

Je ne puis résister à l'envie subite (et pour faire plaisir à Dame Cradeuleu) de vous faire partager mon topo pour ma tête de champion personnelle. Et je sais combien je ne suis pas le seul à être resté coi devant ce... cette... enfin, devant....

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Le Clandestin (Cymbales...)

Naviguons dans les eaux troublées du double programme aquatique (puisque le DVD est double-couche avec Le bateau des Ténèbres, c'est dire comme nous nous penchons sur une édition soignée et collector). La haute mer est agitée, attention aux grains, nous subissons une tempête échelle maximale de navet ultra ombrageux avec de gros embruns de nanar qui fouettent le visage. Le Clandestin (Uninvited), férocement néfaste pour les synapses, nous permet de rire avant même le visionnage grâce sa fiche (pitoyable) et autres informations qui tentent de faire passer des vessies trouées pour des lanternes magiques. Extraits choisis : "Effrayant de réalisme" et "Un film fantastique qui pourrait devenir réalité". C’est cela, oui…

Fichtre, dire que Greydon Clark, le sympathique réalisateur de Terreur Extra-terrestre (Warning) réalise cette pantalonnade et que les pauvres George Kennedy, Alex Cord et Clu Gulager rament ferme dans cette galère. Le clandestin du titre est un chat. Point un félin ordinaire qui gaspille son temps à jouer avec des pelotes de laines et ronronner sur le canapé alors qu’il n’en a même pas le droit, pensez bien. Il s’agit d’un über matou de combat, qui dès qu’on l’importune, extirpe une bestiole rugissante de sa gueule. Les Aliens, toutes ces mauviettes xénomorphes, n'ont qu'à bien se tenir. Concrètement, le placide quadrupède, tout à fait commun, laisse sa place à une marionnette rigide lors de ses ruades sauvages. "Jamais rien vu de tel" dira un savant. Nous ne le contredirons pas. Minet est donc un brin mutant sur les bords et après s’être échappé de son laboratoire s’en va boulotter les passagers d'un yacht. Le bateau de plaisance appartient à un agent de change de Wall Street, escroc à ses heures, joué par Alex Cord. Archangel dans la série Supercopter, rien moins.

Le décor est planté et il a le mérite d’avoir fait ses preuves, nous sommes dans le huis clos. Le hic c’est que Le Clandestin est à sa manière une leçon de TOUT ce qu’il ne faut pas montrer dans un huis clos. Donc c’est le départ d’une croisière de deux jours sur les Caraïbes. Pendant ce temps-là, il faut courageusement se farcir la somme de phrases gonflées d’inexistence échangées entre Archangel, son associé patibulaire, deux dindes très chaudes et des jeunes embauchés comme hommes d’équipages. De même, il sera nécessaire de préparer le thermos de café noir bien remplit car rarement aura-t-on vu un film désamorcer à ce point tout suspens dans un huis clos. Joie, les perles abondent malgré tout, en voulez-vous, en voilà : "Un chat peut pas faire un truc comme ça". "Le chat qui l'a mordu est très venimeux". "…du stéroïde métabolique".

Kitty sors les griffes à satiété. Clark tente désespérément de nous faire croire que l’animal est un féroce mangeur d'hommes, ce qui n'est pas gagné quand les acteurs jouent si mal et que les effets spéciaux sont si rudimentaires. Un peu de faux sang et quelques bladders (eux sont corrects, au moins). C’est toutefois le moins risible. Le hiatus entre le chat on ne peut plus trognon et sa transformation (sans transition) en peluche infernale laisse pantois. Quand je dis peluche, ce n’est pas pour faire le mariole, c’est bel et bien une main qui agite un gant. L’animatronique, à quoi ça sert ? Le designer devait être sans doute un vétéran des illustres Babibouchettes qui bercèrent nos années enfantines, nous les trentenaires. Si cela était censé rendre ce contraste frappant, il ne rend la chose que plus humoristique, entre quelques morts hautement ubuesques. Un suspense poignant se fait sentir, telle cette épique chasse au monstre avec une assiette de pâté pour chat empoisonné. L’angoisse, vous dis-je.

Vous avez toute latitude pour résoudre des jeux de sudoku en laissant le disque tourner jusqu'au fatidique dernier tiers, vous ne regretterez rien. Une fois arrivé là, stupéfaction garantie, le film (?) se permet des échappées belles que même Roger Corman n’aurait pas laissé passer dans ses productions. Le Clandestin serait ainsi vite oublié si ce n'était l'acte final qui démolit toutes les barrières du sensé et atteint les cimes du Z, ou les profondeurs, au choix. Un empilement de scènes tellement improbables que le doute se fait jour. Vont-ils oser ? Ils osent ! Un chat à la mer ! Il ne me manquait que la chanson de Céline Dion sur Titanic pour savourer pleinement ce « grandioso finale ». Aucun animal n'a été maltraité durant le tournage nous signale-t-on. Mais pense-t-on seulement aux malheureux spectateurs ?

Tenez-le vous pour dit : "Après ce film, vous ne regarderez plus jamais votre chat de la même façon"
Okay ?
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Message  Cradle of Suffering Mar 15 Juin - 1:34

MrGreen

"Effrayant de réalisme" et "Un film fantastique qui pourrait devenir réalité".

MrGreen MrGreen

Je ne savais pas qu'on pouvait sérieusement écrire sur ce film MrGreen .


Ce que j'adore faire, en soirée où quand je suis invitée, j'ai toujours le Divx sur moi, pour montrer les quinze dernières minutes, de ce fantastique nanar; le fou rire assuré... Le chat qui revient encore et encore sur la barque ou quand le type va pour jeter le sac de thunes, "c'est pour payer tes études de biologies..." la Vf est geniallissime...

Merci udéka!!! MrGreen


MrGreen /6
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Message  Le Docteur Mar 17 Avr - 22:03

Petit compte rendu de la 8ème nuit excentrique

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Le film qui ouvre les hostilités se nomme Le Sadique A La Tronçonneuse, réalisé par Juan Piquer Simon en 1983. Le réalisateur, déjà responsable de Supersonic Man, nous gratifie d’un slasher qui lorgne de manière hasardeuse vers Les Frissons De L’Angoisse, tout en essayant de racoller au passage quelques fans de Massacre A La Tronçonneuse. Tout commence lorsque le jeune Timmy tue sa maman avec une hache parcequ’elle lui a interdit de faire des puzzles avec des femmes nues. Le gredin arrive à s’en sortir, et quarante ans plus tard, d’étranges meurtres à la tronçonneuse sont commis sur un campus de Boston, quelque part en Espagne… heu dans le Massachusetts. Aussitôt la police se met sur le coup, et la police ne déconne pas, elle envoie deux de ses meilleurs agents sur le terrain : une championne de tennis qui trie des dossiers au commissariat et un étudiant lubrique rencontré au début du film (à qui le commissaire confierait sa vie…). Les superflics et nos deux amis auront fort à faire avec Timmy, qui semble ne pas avoir perdu son intérêt pour les puzzles coquins et pour les démembrements sanglants (sans doute en hommage à maman). Ils rencontreront également une journaliste arriviste, ancêtre inavouée de la Gale Weathers des Scream et vivront d’autres aventures étranges, voire totalement absurdes.

La particularité nanarde de ce Sadique A La Tronçonneuse est incontestablement ses scènes qui semblent surgir de nulle part, comme une femme en skate qui se jette contre une vitre ou bien notre tenniswoman qui s’aventure seule sur le campus et se retrouve nez à nez avec un prof de kung-fu qui la tatanne, avant de s’excuser et de se retirer comme si de rien n’était. On relèvera aussi l’ombre rôdeuse et peu discrète du tueur, les fausses pistes aussi subtiles qu’une perceuse électrique, le rôle peu commun donné à une civière et un final qui ne provoque qu’une seule réaction : "Pourquoi ?". Mais le sadique à la tronçonneuse restera dans les mémoires grâce à ce thème au piano insupportable qui se loge dans votre cerveau pour ne plus jamais en sortir.

Nanar n’a guère de loi. Après les joyeusetés du slasher freudien, nous voilà projetés dans l’univers d’Ilsa. Interprétée par la plantureuse Dyanne Thorne, cette matonne impitoyable, condensé de la femme aryenne, officia dans les camps de la mort nazis dans le film Ilsa, La Louve Des S.S, pilier du gestaporn, un sous-genre qui se plaisait à explorer les dérives sado-masochistes du troisième Reich. Pour le deuxième film issu de la trilogie, j’ai nommé Ilsa, Gardienne Du Harem, autrement connu sous le nom Ilsa, Gardienne Du Harem Des Rois Pétroles (…) ou bien tel que présenté ce soir-là, Esclaves Du Désirs, nous découvrons que notre dominatrice a profité de la mondialisation pour migrer dans un pays arabe gros producteur de pétrole. Elle dirige d’une manière fort professionnelle un harem, fournissant des filles de tous pays à un cheikh mégalomane et sadique, faisant régner une discipline de fer dans les lieux, assistée par ses lieutenantes Satin et Velours.
Mieux vaut ne pas abuser de la patience d’Ilsa, car elle connaît bien les tortures animalières (une remise au goût du jour du supplice du rat de 1984, quelques variantes avec fourmis et araignées). Mais la vie pépère de ce petit monde va être bouleversée par l’arrivée d’un diplomate américain négociant en pétrole et surtout de son second, le commandant Adam Scott de l’US Navy. Notre Ilsa se découvre une âme de blonde et tombe dans les bras du bellâtre (Max Thayer, dans sa prime jeunesse), qui est malheureusement soupçonné de trahison. Elle finira par guider la révolte contre le cheikh dans un climax où chaque femme devra prendre les armes pour la liberté. On sera heureux que la liberté triomphe et qu’un gentil gamin soit délivré de sa géole par l’américain pour succéder au tyran, et surtout que l’héroïne paie au final ses exactions. Cet opus se révèle agréable à suivre, oeuvrant dans un registre souvent comique (en particulier les scènes avec le diplomate) et se révélant plutôt rythmé. Il connaîtra même le privilège de lancer le cri de guerre de la nuit : "Le bossu ! le bossu !".

Le troisième film de cette nuit excentrique était un coup de poker. Aux dires de Jean-François Rauger, il a fallu plusieurs années pour se décider à programmer Le Führer En Folie à la nuit excentrique, et on comprend pourquoi à la vision de la chose sur grand écran. En 1973, Phillipe Clair se décidait à s’attaquer à Hitler en le ridiculisant à sa manière, sous fond de rivalité France / SS sur le terrain du football ! Le spectacle offert, à l’instar du Dictateur de Chaplin ou de To Be Or Not To Be de Lubitsch, se voulait une satire ridiculisant le troisième Reich. Des ambitions qui, si elles avaient été remplies, auraient accordé une place au film dans une rétrospective plus consensuelle de la Cinémathèque.
La vraie question est : Le Fûhrer En Folie est-il au moins un bon nanar ? L’accueil qui lui a été réservé le range sans ambages du coté du navet, et si on salue l’audace jusqu’au boutiste des programmateurs, l'objet filmique de Phillipe Clair n’est qu’une comédie pas drôle à déconseiller à ceux qui ont les nerfs fragiles. Il explore une vision extrême de l’idéal humoristique français des années 70 et 80 (A coté, Les Charlots et La Soupe Aux Choux passeraient pour du Tarkovski) qui baigne dans l’hystérie jusqu’à son générique final.
Henri Tisot passe son temps à hurler si bien qu’on développe une haine envers Hitler au-delà de tous les actes abjects qu’il a commis, Alice Sapritch cabotine une Eva Braun à peine croyable, Michel Galabru est en roue libre et les trois "héros" (Patrick Topaloff, Luis Rego et Maurice Risch) improvisent sur un scénario qui semble lui-même improvisé. La diffusion en salle accentue encore le déluge de bruit et l’absence de repos laissé au spectateur, qui ne peut plus fuir dans le sommeil et se retrouve réduit à passer par tous les états : colère, déni, acceptation, et puis colère. Mais il en faut plus pour entamer l’enthousiasme du nanardeux, qui est fait de fer. Le Führer En Folie est une expérience inhabituelle, et on peut être fier d’en être ressortis la tête haute.

Godfrey Ho est devenu une une valeur sûre de la nuit excentrique. Alors que son Clash Of The Ninjas avait conclu la septième édition, c’est au Gang Des Crapules (Ninja In Action) qu’échoue la lourde tâche de fermer la huitième. Ce métrage tourne autour d’un trafic de diamants. Un gang de ninjas réussit à piquer une mallette pleine de ces pierres précieuses, mais le gros bonnet, X (Louis Roth, le génial Roy de Clash Of The Ninjas) n’aime pas partager. Il empoisonne ses complices, mais l'un deux parvient à s'enfuir avec le butin. Aussitôt X envoie des vilains ninjas le supprimer. Pendant ce temps, un occidental (Stuart Smith, grand cabotin devant l’éternel) accepte d’aider sa compagne à supprimer X, qui a tué le papa de celle-ci.
Cet opus est une production de Thomas Tang qui s’était fait une spécialité de la méthode du deux en un, à savoir utiliser des extraits de film existants souvent inconnus et de compléter par le tournage de quelques scènes, impliquant un casting différent et quelques occidentaux qui bossaient pour le studio, les gweilos. Cette méthode douteuse a donné naissance à bon nombre de films incohérents de Godfrey Ho dans lesquels les différentes storylines se croisaient de manière artificielle au mieux, parfois jamais, la plus notable étant Hitman : The Cobra, dont le célèbre final est à 90% déconnecté de l’histoire.

Le Gang Des Crapules suit cette voie et use de toutes les astuces pour relier l’intrigue de la chasse à l’homme (vieux film récupéré) à celle de la vendetta du couple (tournée à la va-vite). Logiquement, ce couple ne peut interagir avec le vieux film et passe ainsi son temps à guetter les lieux où se déroule l’action. Le téléphone de X et l’enquête de la police locale s’avèrent être d'astucieux moyens pour créer du liant entre les films. L’intrigue parvient à être suffisamment limpide pour éviter les incohérences flagrantes présentes dans beaucoup de deux en un. On peut donc s’amuser de l’aventure de ce ninja en proie à ses vilains collègues et à une femme opportuniste qui le trompe avec son frangin, quand on ne se bidonne pas devant le lamentable combat final avec doublure à moumoute qui se termine par le bad guy qui se fait seppuku en demandant pardon au dieu des ninjas !

Et pour finir en beauté, une chansonnette qui révèle la facette sombre de l'acteur David Warner. A méditer.

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